Passage en revue des textiles à éviter et à privilégier d’un point de vue développement durable.
A l’heure de la fast fashion, qui consiste à proposer des collections destinées à ne pas durer et à être rapidement renouvelées, il est important de se poser la question d’une mode plus durable. Alors que les objectifs actuels de beaucoup de marques reposent sur la quantité plutôt que la qualité, beaucoup de production sont actuellement faites dans des pays où le travail est bon marché et les normes environnementales inexistantes.
A titre d’exemple, il y a encore 50 ans, 95% des vêtements vendus aux USA étaient fabriqués sur place. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 2%. Alors qu’à l’époque un ménage dépensait en moyenne 4000 $ annuels pour environ 25 vêtements, ce ratio est aujourd’hui de 1 800 $ pour 70 vêtements. A l’heure où nous consommons plus, 80 milliards de vêtements sont vendus chaque année à l’échelle du globe et 12,8 millions de tonnes finissent à la décharge.
Le soucis, c’est que l’industrie du textile est très gourmande en ressources : eau, énergie et terres cultivables sont grandement sollicitées pour soutenir cette production, ce qui aboutit à un usage massif de pesticides, de fertilisant, d’émission de CO2 et de pollution.
Afin de pouvoir renverser la vapeur, il faut donc consommer mieux. Cet article a pour vocation de présenter les impacts des différents tissus sur l’environnement afin que vous puissiez choisir en connaissance de cause.
Sommaire
Les tissus dérivés du pétrole
A éviter
Beaucoup de tissus sont fabriqués à partir de produits dérivés du pétrole. C’est notamment le cas du polyester, du nylon et de l’acrylique, qui représentent à eux seuls 65% de l’ensemble des tissus produits.
Ces tissus sont peu chers et permettent d’ajouter de l’élasticité aux vêtements. Mais ils ne sont pas écologiques. Ils sont en effet très gourmand en énergie et en produits chimiques, en eau et en pétrole. De plus, du protoxyde d’azote et de l’antimoine (qui est un élément chimique) sont utilisés dans le process de fabrication, or ce dernier est cancérigène et nocif pour le coeur, les poumons, le foie et la peau.
Enfin, chaque fois que lavez un tissu comportant du polyester, des milliers de particulières microscopiques sont relâchées dans les eaux usées, qui ensuite se frayent en chemin dans les eaux naturelles et se retrouvent même dans nos systèmes d’eau potable.
A privilégier
Le seul point positif du polyester, bien qu’il ne soit pas biodégradable, c’est qu’il est recyclable à l’infini sans perdre aucune de ses qualités. Le procédé de recyclage permet de recréer du polyester en utilisant moitié moins d’énergie que pour une création nouvelle et génère 75% d’émissions en moins.
Le processus de recyclage consiste à piler le tissus en petits morceaux, puis à les chauffer et à les presser afin d’obtenir un nouveau fil qui sera prêt à être tissé.
Bien que le processus de recyclage soit moins énergivore, il consomme tout de même des ressources. Et même si il permet de donner une seconde vie à des vêtements qui auraient autrement été jetés, le recyclage ne règle pas la question des particulières libérées à chaque lavage.
Le coton
A éviter
On peut penser que les produits issus d’origine naturelle, c’est-à-dire obtenu à partir de plantes ou d’animaux, sont écologiques. Mais ce n’est pas forcément vrai, et le coton est un bon exemple. Ce produit est au moins aussi nocif pour la planète que le polyester et est le second le plus utilisé au monde.
Le coton demande en effet, pour être cultivé, plus d’eau, de fertilisants et de pesticides qu’aucune autre plante cultivée au monde. Concrètement, la culture du coton absorbe 16% des pesticides et 25% des insecticides mondiaux, ainsi que 3% de l’eau utilisée à travers la planète. Plus concrètement encore, pour produire un simple t-shirt, il faut compter entre 3 000 et 8 000 litres d’eau.
La culture intensive du coton, à l’heure où la demande mondiale est très forte, amène à des terres devenues arides et non fertiles.
Le procédé de fabrication du coton est également en cause. Les additifs chimiques utilisés lors des récoles mécaniques restent dans le tissu et sont ainsi transmissibles à l’homme durant toute la vie du vêtement. Il faut ajouter à cela les conditions de travail des personnes chargées de la récole.
Le tissus le plus connu obtenu à partir du coton est le jean. Pour en produire un, il faut compter environ 17 000 litres d’eau, en plus des 45 000 à 90 000 litres nécessaires pour la seule pousse du coton.
A privilégier
Le coton bio a un impact plus modéré sur l’environnement. Déjà parce que par définition, aucun pesticides ou engrais ne sont utilisés, mais aussi parce que les agriculteurs ont recours à une culture par rotation permettant aux sols de se reconstituer.
Pour ce qui est de l’eau, la culture biologique du coton se repose davantage sur la pluie que l’irrigation.
Au final, le coton bio utilise 90% d’eau et 60% d’énergie en moins. Pour le consommateur final, le coton bio est souvent plus doux et n’a pas fait l’objet de teintures abrasives.
Le coton peut (bio ou non) peut se recycler, il est alors broyé en fibres et tissés à nouveau. Le soucis, c’est que contrairement au polyester, le coton recyclé n’est pas d’aussi bonne qualité que l’original. Les fibres sont en effet plus courtes et moins douces.
Le viscose
Il y a des tissus qui peuvent être conçus avec de la pâte à papier, également appelée pulpe, qui est la même matière servant à fabriquer du papier. C’est notamment le cas du viscose, fabriqué à base de bouleau, de hêtre, de chêne, d’eucalyptus ou encore de bambou. C’est le troisième tissu le plus utilisé au monde.
Modulo le mode de culture du bois retenu, de la récolte et des conditions de fabrication, ce tissus est souvent plus écolo que le coton ou le polyester.
Une fois le bois transformé en pâte, il subit un procédé d’adoucissement dans un bain chimique puis est filtré et transformé en fil. Les produits chimiques généralement utilisés ne sont pas toxiques.
A éviter
La plupart des arbres utilisés pour fabriquer du viscose sont des espèces à pousse rapide. Le problème, c’est que des forêts primaires entières sont rasées afin de permettre la plantation de ces arbres. Aujourd’hui, 30% du viscose produit provient de bois de forêts primaires.
Le procédé pour fabriquer le viscose requiert beaucoup d’énergie et d’eau. Et des fabricants peut scrupuleux n’hésitent pas à relâcher dans l’environnement des produits toxiques utilisés pour la transformation comme de l’acide sulfurique et du disulfure de carbone, désastreux tant pour la nature que la santé.
A privilégier
Les fabricants respectueux de l’environnement utilisent des produits chimiques non toxiques réutilisables sur plusieurs cycles, ainsi que des process moins voraces en énergie.
Le viscose est un tissu qui est biodégradable, ce qui génère donc peu de problèmes de déchets. Parmi les plantes utilisées pour le fabriquer, le bambou est très efficace puisqu’il s’agit de la plante poussant le plus vite au monde sans l’aide de fertilisant ou de pesticides.
Parmi les meilleurs viscoses, on trouve ceux faits à base d’eucalyptus, qu’on trouve sous les noms commerciaux de Tencel et Lyocell. Les fabricants utilisent des arbres issus de plantations durables et d’eau recyclée. Le process permet d’aboutir à un viscose 100% biodégradable, peu froissable et résistant aux moisissures, anti-bactérien et très absorbant. Il a en plus le mérite d’être très doux.
La laine
Toutes les laines ne se valent pas, certaines sont plus écologiques que d’autres. De façon générale, elles sont toutes résistantes aux moisissures, ont des propriétés thermiques intéressantes et utilisent moins d’eau et d’énergie.
Le caractère écologique de la laine dépendra en fait de la façon dont sont élevés les animaux dont elle provient.
A éviter
Le cachemire est issu du pelage de chèvre généralement élevées en Mongolie. Pour produire un pull, il faut ainsi réunir le pelage de quatre animaux. Suite à la popularité de ce tissu, les chèvres ont massivement été élevées en Mongolie, passant de 5 millions en 1990 à 20 millions en 2009.
Or lorsqu’une chèvre est en pâturage, elle arrache l’herbe présente jusqu’à la racine pour la manger. L’élevage massif qui a eu lieu se traduit aujourd’hui par des menaces de désertification importante dans tous le pays.
A privilégier
La laine de mouton est plus durable que le cachemire, pour plusieurs raisons. Non seulement l’élevage de moutons émet moins de dioxyde de carbone que les chèvres, mais en plus ils peuvent être élevés sur des terres non cultivables.
La laine de mouton demande moins d’eau que le coton, il faut toutefois faire attention aux procédés de blanchiment et de teinture qui eux peuvent être très gourmandes en la matière. Les teintures de mauvaise qualité ont également pour effet de relâcher dans l’eau des métaux lourds et produits chimiques.
La meilleure laine qu’on puisse trouver est celle d’alpaga. Non seulement un seul alpaga fournit assez de laine pour fabriquer quatre à cinq pull par an, mais ces animaux nécessitent également peu d’eau et de nourriture pour survivre.
Ils vivent généralement dans des terres non cultivables, mangent des herbes sans en arracher la racine et possèdent des pattes plus douces que les chèvres qui ne sont pas destructrices pour le sol.
Les vrais et faux cuirs
A éviter
Le cuir fait partie des matériaux qui sont difficilement écologiques. Les animaux utilisés dans l’industrie du cuir émettent à eux seuls 14,5% des émissions de méthane au monde, or le méthane produit un effet de serre 20 fois supérieur au CO2.
Alors qu’un milliard d’animaux sont abattus chaque année pour le peau, la fabrication du cuir fait partie des procédés textiles où le plus grand gâchis est constaté, notamment parce que toutes les parties de la peau ne sont pas exploitables.
Le procédé chimique de fabrication du cuir, appelé le tannage, est également très dangereux pour l’environnement. Parmi les produits chimiques utilisés, 85% est constitué de chrome. Or cet élément est très toxique tant pour l’homme que l’environnement.
Le tannage se fait souvent dans des pays qui possèdent peut de normes environnementales, ce qui engendre de réels problèmes sanitaires.
Pour ce qui du faux cuir, il est produit à partir de PVC ou de polyuréthane (dit autrement, de produits plastics), qui ne sont donc pas écologiques.
A privilégier
Un produit nommé Pinatex a été conçu a partir de feuilles d’ananas et qui ressemble beaucoup à du cuir. Elle utilise ainsi 40 000 tonnes de feuilles qui autrement auraient été jetés ou brulées.
Pour fabriquer ce produit, pas besoin d’utiliser de l’eau, des pesticides ou des fertilisants. Aucun produits chimiques ne sont nécessaires pour la transformation des fibres en tissu, et ce dernier peut être teint ou servir de support pour des impressions.
C’est en fait une alternative vegan hautement durable.
Le lin et le chanvre
Le lin est le chanvre sont les deux tissus les plus écologiques qui soient. Non seulement ils sont respectueux de l’environnement, mais en plus ils sont relativement robustes et agréables à porter.
Durant le procédé de fabrication, aucun produits chimiques abrasifs sont utilisés, ils sont donc tout indiqué pour les personnes à la peau sensible.
Le lin et le chanvre sont deux plantes qui ne demandent pas de fertilisant ou de pesticide et se cultivent dans des sols pauvres à l’aide de peu d’eau. Ils supportent également des climats très différents.
Le lin
Le lin est issu de la plante du même nom, qui est en fait une variété particulière d’herbe. Elle pousse rapidement (la maturité est atteinte en quelques mois) et a le mérite d’être résistante. Plus ce tissu est lavé, plus il s’adoucit et se renforce.
Afin d’être fabriqué, le lin subit un procédé nommé rouissage, qui est une macération destinée à adoucir les fibres. Il peut être effectué à l’aide de la seule rosée, mais si ces enzymes ou de l’eau est rajouté au procédé, l’impact environnemental du tissu augmente.
Pour ce qui est de la couleur, le lin ivoire, écru, marron clair ou gris requiert peut de blanchiment. A l’inverse, des modèles blancs demanderont plus de ressources.
Le chanvre
Le chanvre est une plante cultivée depuis longtemps en Europe et qui a le mérite de présenter un bilan carbone positif. 70% des nutriments consommés par la plante sont rendus au sol lorsque les feuilles tombent au sol et se décomposent, avant que la moisson se fasse.
Le chanvre se cultive très bien de façon intensive et pousse même dans des sols capricieux. Comparé au coton, il consomme dix fois moins d’eau.
Il est également plus résistant, ce qui aboutit à des vêtements qui durent (beaucoup) plus longtemps.
Son seul inconvénient, c’est qu’il ne permet pas la teinture de couleurs intenses à moins de recourir à des produits chimiques.
Sources :
- Industrie vestimentaire et environnement
- La pollution par l’industrie de la mode
- Les dessous toxiques de la mode
- Les clefs pour comprendre la pollution textile
Passionné de style et de mode masculine, j’ai fondé le Blog de Monsieur en 2012. J’y partage depuis sa création conseils de styles, découvertes et bons plans. N’hésitez pas à me contacter pour tout conseil ou demande personnalisée. Vous pouvez aussi me retrouver sur Facebook, Instagram et Twitter.